Zola : le grand Voreux

La découverte du « Voreux » (Germinal (1885), Émile Zola )

Le cycle des Rougon Macquart est l'histoire d'une famille.Germinal raconte les périples d'un des derniers enfants de cette famille, Etienne Lantier.

Zola y décrit les conditions effroyables dans lesquelles travaillent les ouvriers dans les mines à la fin du XIXe siècle. L'extrait proposé met en scène Étienne Lantier, ouvrier sans ressources, qui découvre le «Voreux», le plus grand puits de la mine qui deviendra son lieu de travail.

Questions :

1. Quel est le point de vue adopté dans ce texte ? /2

Répondre et justifier

2. Cette description très réaliste devient monstrueuse avec les figures de style. /16

Retrouvez, nommez et analysez 4 figures de style différentes pour le prouver

3. Actif et passif /2

« On tirait quatre fois la corde du signal d'en bas [...] pour prévenir de ce chargement de chair humaine. »

La phrase est à l'actif

a) transformez-la au passif

b) expliquez l'intérêt de la tournure à l'actif avec ce pronom sujet

En gras ce qui est attendu des élèves au minimum

1. Le point de vue adopté dans ce texte est un point de vue interne.

En effet, le narrateur, et le lecteur donc, ne connaît pas tout : on trouve une certaine distance dans la description : « il semblait »(l.2) ou « l'air somnolent »(l.15), mais on sait ce que pense Lantier, dès le debut du texte : « Il ne comprenait bien qu'une chose »(l.1), et on suit les actions comme lui, à travers ses yeux : « les yeux sur le câble qui montait »(l.18). De plus il ne connaît pas tout puisqu'il pose la question : « Est-ce que c'est profond ? » 

Autre réponse valable :

Le point de vue adopté est un point de vue omniscient puisque le narrateur sait ce que pensent, ressentent plusieurs personnes : « attendant par petits groupes d'être en nombre suffisant »(l.4), [Plus la réponse précédente sur ce que pense Lantier]

Et il se trouve en plusieurs lieux à la fois pendant le récit : « des moulineurs, aux différents paliers, sortaient les berlines »(l.7)


3. Actif / Passif

a) Transformation au passif : respecter le temps = imparfait 0.5 pt

et l'accord du participe 0.5 pt

La corde du signal d'en bas était tirée [...] pour prévenir de ce chargement de chair humaine.

b) L'intérêt de la tournure à l'actif avec ce pronom sujet est d'insister sur le fait que les ouvriers ne sont plus des individus, n'ont de personnalité propre une fois au travail ; en effet, l'auteur utilise un pronom personnel indéfini et tout y est « indistinct »(l.10), les mineurs ne sont plus qu'une « charge d'hommes »(l.24), une masse anonyme dans laquelle les ouvriers n'existent pas en tant que personnes. 1 pt


2. Les figures de style

Relever et nommer les figures de style seulement ne vaut qu'1 point sur 4 : le travail est d'essayer d'expliquer leur intérêt, ce sur quoi elles insistent, ce qu'elles mettent en valeur.

Faire une phrase pour nommer la figure de style (pas de liste avec tiret..) + recopier la citation entre guillemets et numéro de ligne + expliquer le rôle (plus l'explication est développée, plus on a de points)

1 figure de style = 1 paragraphe

Cette description offre une vision très réaliste du quotidien des mineurs au 19e siècle, avec un vocabulaire technique comme : berlines, moulineurs, « sonnant à la viande », et une grande précision des chiffres. Mais Zola la rend monstrueuse avec les figures de style :

Les personnifications (métaphores accepté aussi mais il y a là une véritable transformation en vivant)

Zola utilise de nombreuses personnifications afin de rendre le puits vivant

Ainsi, dès la ligne 1 on trouve : « le puits avalait des hommes » et l'auteur parle de « gosier »(l.2), de « bête nocturne »(l.5), dont le mouvement est « aisé et sans fatigue »(l.23) ; plus loin, il utilise aussi « engloutir »(l.24), « dévora »(l.25), « gueule »(l.25), « gloutonne »(l.26), « affamé »(l.27 » et « silence vorace »(l.29)

Toutes ces images insistent sur l'aspect bestial du puits, et en accentuent le côté monstrueux, insensible. Ces personnifications et le champ lexical de la digestion donnent l'impression que les mineurs se dirigent vers un endroit qui va les broyer, qu'à chaque fois qu'ils descendent ils risquent leur vie (ce qui est le cas).

En même temps, les hommes sont ravalés au rang d'animaux : « beuglement sourd »(l.10), « chair humaine »(l.12), ce qui insiste sur le fait que les mineurs sont privés de toute humanité, considérés juste comme du bétail nécessaire au travail et qui s'en va à l'abattoir. (voir gradation)

La comparaison

On trouve une comparaison à la ligne 13 : « la cage tombait comme une pierre ». Ici, Zola insiste sur la rapidité de la descente, la vitesse de la chute, utilisant un comparé (pierre) dur et insensible, et souligne donc l'impuissance des hommes qui sont enfermés.

La répétition

Aux lignes 28 et 29, on trouve une répétition : « Cela s'emplissait, s'emplissait encore ». Il semble que la dévoration n'ait pas de fin, que le monstre soit capable d'avaler tous les hommes, sans se fatiguer, et on comprend qu'il n'y ait plus d'espoir.

La métaphore (ou allégorie, très bien, mais pas vu...)

« les ténèbres restaient mortes »(l.28) insiste sur l'aspect infernal du travail : il y a là une véritable descente vers le néant et la mort à cause de l'obscurité, du vide, et parce que le terme même « mort » est employé.

L'hyperbole

Le puits est décrit comme étant « capable de digérer un peuple »(l.27). L'hyperbole, en exagérant, renforce le caractère monstrueux de la mine et du travail et s'approche du génocide.

+ « s'empilaient les ouvriers »(l.9) qui insiste sur le nombre important d'ouvriers, donc le risque élevé, et l'image est forte puisque les hommes ne sont pas les uns à côté des autres, mais les uns sur les autres...

« chair humaine »(l.12) est aussi une métaphore

La gradation

On passe dans le texte des termes de « hommes »(l.1) à « « sonnant à la viande » »(l.11) puis à « chair humaine »(l.12) il y a bien une gradation qui insiste sur le fait que les mineurs sont privés de toute humanité, considérés juste comme du bétail nécessaire au travail et qui s'en va à l'abattoir.

L'oxymore

L'expression « jaillissement doux »(l.5) est un oxymore : les deux termes s'opposent et, en associant brusquerie, rapidité et douceur, elleest destinée à assimiler la mine à une bête fauve, menaçante et sans pitié, dangereuse parce qu'on n'entend pas son approche et qu'elle est souple, musclée.

Eventuellement l'anaphore

« Et quand ça casse / Ah quand ça casse... » (l.20 et 21) : l'anaphore marque le fatalisme des ouvriers face au danger de mort qui les guette et dont on ne parle pas

et la périphrase avec l'expression « chargement de chair humaine » à la place de mineurs, pour insister sur leurs sort cruel

Créez votre site web gratuitement ! Ce site internet a été réalisé avec Webnode. Créez le votre gratuitement aujourd'hui ! Commencer