Hugo : Melancholia (extrait)

Manuel page 142

1    Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ?

      Ces doux êtres pensifs que la fièvre maigrit ?

      Ces filles de huit ans qu'on voit cheminer seules ?

      Ils s'en vont travailler quinze heures sous des meules ;

5    Ils vont, de l'aube au soir, faire éternellement

      Dans la même prison le même mouvement.

      Accroupis sous les dents d'une machine sombre,

      Monstre hideux qui mâche on ne sait quoi dans l'ombre,

      Innocents dans un bagne, anges dans un enfer,

10   Ils travaillent. Tout est d'airain, tout est de fer

      Jamais on ne s'arrête et jamais on ne joue.

      Aussi quelle pâleur ! La cendre est sur leur joue.

      Il fait à peine jour, ils sont déjà bien las.

      Ils ne comprennent rien à leur destin, hélas !

 15  Ils semblent dire à Dieu : '' Petits comme nous sommes,

      Notre père, voyez ce que nous font les hommes ! ''

1.Regarder :

https://www.facebook.com/france3/videos/522425541796750/

Lire :

https://www.rhsansfrontieres.org/fr/domaines-d-intervention/lutte-contre-le-travail-des-enfants/19-domaines-d-intervention/lutte-contre-le-travail-des-enfants/302-histoire-du-travail-des-enfants-en-france

2. Rythme

a) Comment s'appellent les vers utilisés par Victor Hugo dans ce poème ? (Voir le cours de métrique = analyse des vers, des rimes.. que nous avions eu le temps de faire juste avant le confinement)

b) En général, la « coupe » [= la respiration marquée parfois par une virgule (comme aux vers 2 ou 13) ou un point (comme au vers 12)] se trouve au milieu du vers.

Saurez-vous trouver le vers qui ne correspond pas à ce rythme ? Pourquoi est-il important ?

3. Figures de style

Relever dans ce passage 4 figures de style différentes, en essayant d'analyser ce qu'elles mettent en valeur, ce sur quoi elles insistent, ce que veut nous faire comprendre Hugo.

CORRECTION

2. Rythme

a) Les vers utilisés par Victor Hugo dans ce poème sont des alexandrins (12 pieds)

b) En général, la césure (= « coupe », respiration) se trouve à l'hémistiche (= milieu, moitié, donc à 6 pieds).

Si on coupe le poème en 2, cela donne :

On voit bien que le vers 10 ne correspond pas au rythme très régulier de l'alexandrin.

Évidemment c'est exprès : cela met en valeur la réponse à la question du premier vers, déjà donnée au vers 4 : ces enfants vont au travail. (et on a la 1ère figure du style : la répétition..)

Pourquoi cette rupture dans le rythme ? Pour bien marquer le thème traité ici : le travail des enfants.

Et cette répétition marque l'indignation du poète qui doit aussi être la nôtre.

Le vers 17, que vous n'avez pas dans le manuel dit bien :

« O servitude infâme imposée à l'enfant ! »


3. Figures de style

On les repère au brouillon, sur le texte, puis on essaie de les expliquer en cherchant ce qu'elles mettent en valeur


(Infos : Victor Hugo, chef de file de l'école romantique s'est très vite impliqué dans la vie de son époque.

Le poème est paru en 1856 mais a été écrit en 1838. Il n'y a pas vraiment de lois à cette époque pour encadrer le travail des enfants.

Rappel des dates qui apparaissent dans la vidéo :

1841 : interdiction d'employer les enfants de - de 8 ans

1848 : interdiction d'employer les enfants de - de 10 ans

1874 : interdiction d'employer les enfants de - de 12 ans

1880 : scolarité obligatoire, moins d'enfants au travail

Cet extrait du poème « Mélancholia » -plus de 300 vers- inclus dans Les contemplations (1856) témoigne de son indignation.)


Les répétitions ... répètent, donc insistent : les enfants vont travailler, vont faire, pendant 15 heures, le même mouvement

Hugo oppose la faiblesse des enfants, ces « doux être pensifs »(v.2), « Accroupis »(v.7), « Innocents »(v.9)... à la puissance des machines ; et leur faiblesse est renforcée

- par la répétition de la préposition « sous »(v.4 et 8) : ils sont dominés

- par les personnifications qui transforment les machines en « monstres » qui vont les broyer, les dévorer avec leurs « dents »(v.7)

L'atmosphère lugubre est renforcée par la gradation ascendante concernant l'univers auquel ils sont condamnés : les enfant ne sont pas seulement dans une « prison », ils sont dans un « bagne », en « enfer »(v.9)

Les oppositions insistent sur l'injustice effroyable dont ils sont victimes : ces enfants, « innocents », « anges »(v.9) sont condamnés pour l'éternité, puisqu'ils sont en enfer. Et, visiblement, leurs prières ne sont pas entendues, Dieu n'existe pas pour eux.

Les parallélismes renforcent les anaphores : leur monde n'est composé que d'éléments très durs : « tout est d'airain, tout est de fer »(v.10), impossible, interdit pour eux de vivre normalement :

« jamais on ne s'arrête, jamais on ne joue »(v.11)

Conclusion : les figures de style servent à la dénonciation du travail des enfants, en insistant sur la dureté de leurs conditions de vie, en faisant ressortir tout ce qu'il y a d'inhumain, d'infernal pour eux.

Les 3 premiers vers sont des interrogations que tout le monde devrait se poser...

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